Les prédateurs sont indispensables à l’écosystème forestier

La forêt suisse est majoritairement rajeunie par voie naturelle, ce qui veut dire que les semences des arbres adultes tombent au sol et le forestier donne aux jeunes plantules nées de graines les conditions favorables à leur développement. Le rajeunissement naturel a l’avantage d’être économique, d’être constitué d’essences d’arbres adaptées au climat et au sol, d’être composé d’un mélange de nombreuses espèces et de sélectionner les individus les plus résistants y compris dans le contexte du changement climatique.

Le succès d’un rajeunissement naturel diversifié est clairement influencé par les ongulés sauvages qui peuvent en réduire la diversité en éliminant les espèces particulièrement appétantes pour eux ou empêcher le développement des jeunes arbres par une pression excessive.

Le bon fonctionnement de l’écosystème forestier est donc tributaire d’un équilibre entre la densité des populations d’ongulés et l’offre de nourriture en forêt. Si la chasse est un élément important dans le maintien de cet équilibre, la présence de grands prédateurs a des effets positifs sur l’influence exercée par les ongulés sauvages sur la régénération de la forêt. Ces effets positifs portent sur le prélèvement de quelques ongulés pour la nourriture des grands prédateurs, mais surtout, sur le dispersement et le déplacement des groupes d’ongulés en forêt.

Lorsqu’un prédateur sauvage est présent, non seulement les groupes d’ongulés sont plus petits mais ils se déplacent très régulièrement. La pression du gibier sur les jeunes arbres est ainsi moins intense sur une zone de rajeunissement donnée et mieux répartie sur la surface complète de la forêt. C’est pourquoi il est primordial de tenir compte de l’état de la régénération de la forêt pour prendre une décision pertinente en vue de réguler les grands prédateurs si un besoin s’en fait sentir. La révision de la loi fédérale sur la chasse soumise au peuple ne le prévoit pas. Par ailleurs, les grands prédateurs ont besoin de grands espaces, ce qui implique qu’une régulation pertinente ne peut s’envisager que dans une perspective supracantonale.

Ainsi, le peuple suisse est invité à refuser la modification de la loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages car elle ne prend pas en considération l’équilibre de l’écosystème forestier qui pourtant est l’habitat principal des ongulés sauvages et de leurs prédateurs.

Les forestiers vous invitent à voter NON à la modification de la loi fédérale sur la chasse et ce, pour le bien de la forêt.

Jan Boni, Pro Silva Suisse